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1262
- Fin XIIIe-XIVe s. - 1430 - XVe s. - XVIe s. - Conclusion

Nouvelles défenses à l'Ouest au début du XVIème siècle

Une ultime campagne de travaux concernant le château lui-même a été révélée par les sondages ; elle est postérieure aux réaménagements précédemment décrits (partie XVème s.), déjà réalisés sous les Uttenheim. Les éléments relevés ici seraient attribuables à la campagne de 1503-1507 au regard des typologies de meurtrières exhumées. Une datation tardive extrême peut cependant les attribuer aux ultimes travaux connus, à savoir ceux de 1559-1563. Une datation intermédiaire reste bien évidemment possible, voire probable, pour ces ouvrages, qui sont donc globalement attribuables à la première moitié du XVIème s.

Une large tour d'artillerie implantée sur le fossé au Nord

Une large tour d'artillerie (TN) vient s'accoler contre le mur d'enceinte G2 préexistant (partie XVème s.). Les parois de l'embrasure d'entrée, en petite maçonnerie de briques et de moellons, habillent les arrachements d'un percement réalisé dans cette enceinte. L'entrée n'était pas encadrée et son seuil non dallé. Son niveau correspond à l'étage supérieur de la tour épais de 1,40 m. Le mur du niveau inférieur est épais de 1,80 m à l'Est face à l'attaque. Une tranchée réalisée à l'extérieur du flanc Sud s'est révélée très pauvre en fragments de tuiles. Des clous en quantité significative parsemant une maigre couche d'incendie laissent envisager une couverture en bardeaux de bois.

Deux larges canonnières de plan triangulaire ont été relevées face à l'attaque au niveau inférieur (inv. MS et MT), la partie Ouest interne de l'enceinte restant aveugle. La conception de ces canonnières est à l'opposé de tous les dispositifs de tir jusqu'alors observé au Kagenfels, les embrasures de tir étant largement ouvertes vers l'extérieur et les étroits pertuis de tir internes accusant des dispositifs adaptés à des armes à feu légères, portatives, postérieures au XVème s. Le dispositif de tir en grès (inv. MS) de la canonnière Est semble être un élément généralement mis en oeuvre comme dispositif de tir externe, visible en de nombreux exemples à Bergheim, Rosheim ou Obernai. Au Kagenfels, ce dispositif de tir en grès est utilisé à l'envers, au fond de l'embrasure de la canonnière MS, large de 2,40 m en extérieur. Le dispositif MT consiste en une étroite fente de tir horizontale en fond d'embrasure.

Au pied du flanc Ouest de la tour a été retrouvé le dispositif de tir en grès monolithe (inv. MF) d'une couleuvrinière en "trou de serrure" de petites dimensions. Celui-ci semble identique dans ses proportions à celui qui existait sur le flanc Nord de la tour pentagonale (inv. ML). Un large linteau de grès proviendrait du même dispositif de tir. Cette meurtrière aurait été implantée à l'étage haut de la tour, couvrant de son tir flanquant la porte PB et prenant à revers la porte d'entrée PA. Sa typologie plus archaïque que les deux canonnières du niveau inférieur résulterait d'un probable remploi.

Cette tour d'artillerie est contemporaine de l'enceinte inférieure implantée au Nord-Ouest, et leurs maçonneries liées comprennent toutes des cales en tuiles plates ogivales. Les murs d'enceintes exhumés ici (I1 et I2) sont les plus minces relevés sur tout le site, n'étant épais que de 70 cm, ce qui suppose une faible élévation, cette enceinte étant alors une fausse-braie remparée destinée à protéger les ouvrages supérieurs des coups de l'artillerie de siège suceptible de prendre pied sur les cônes de déblais situés juste en face. Le niveau d'implantation de la cannonière MT détermine la hauteur maximale que pouvaient avoir ces murs. La pente Nord-Ouest était jusqu'alors le point faible des défenses du château en raison de sa faible déclivité, ce qui expliquerait la réalisation de ces ultimes et tardifs perfectionnements défensifs.

Dernière occupation du château

D'après l'acte de vente du château de 1563 entre l'ancien propriétaire, Lucas Visebock dit Zeck, et la ville d'Obernai, il n'est plus alors question de fortifications nouvelles dans cet inventaire. L'existence d'une tour d'artillerie récemment édifiée n'aurait cependant pas forcément été évoquée dans un inventaire de vente, les différents ouvrages défensifs du château n'étant pas détaillés individuellement. Ceci signifie que la tour d'artillerie TN pourrait dans une datation extrême s'inscrire dans les années 1559-63.

Des dépendances agricoles implantées sur le plateau face au château, autour de 1561

Un vaste bâtiment rectangulaire d'environ 12 m sur 19 m est visible face à la tour pentagonale, à l'Est. Il était apparemment constitué d'un soubassement en moellons, sur lequel se serait élevée une structure en pans de bois. Il faut sans doute voir là l'un des bâtiments réalisés par Lucas Visebock. La découverte dans ses décombres de deux moitiés de cannonières ovales à redents (inv. MI/MH) caractéristiques des années 1540-1560 apporte ici les ultimes éléments de datation du bâti relevés sur l'ensemble du site. S'agit-il là d'un remploi de meurtrières prélevées sur des parties ruinées du château, ou alors la ville d'Obernai a-t-elle envisagé de renforcer ce bâtiment externe en rapportant au Kagenfels des éléments modernes de meurtrières, lorsqu'elle installe en 1570 Théobald Sontag comme garde forestier et bailli du Kagenfels ? Une conduite d'eau en bois est réalisée "au Kagenfels" en 1561 ; il s'agit vraisemblablement de l'approvisionnement d'une scierie dans la vallée plutôt que d'un raccordement en eau du château qui aurait nécessité une légère remontée d'eau sous pression.

Les traces de deux murs orthogonaux affleurant hors du sol sur plusieurs mètres de longueur ont été repérées entre ce bâtiment et le fossé, qui se sont révélées appartenir à un petit enclos maçonné carré d'environ 8 m de côté. La nature de cette structure n'est pas déterminée à ce jour, mais il s'agirait vraisemblablement d'un simple enclos destiné au bétail, au regard de la faible épaisseur des murs : 35 cm. Des traces de terrassement sont par ailleurs visibles à l'Est du vaste plateau sommital, qui prouvent une mise en culture importante des proches environs du château.

L'ultime phase de terrassement peut être observée au Nord : il s'agit d'un petit cône de déblais (cône F) recouvrant les deux cônes B et E préexistants. L'observation des niveaux de sol permet de relever une dépression sur le plateau au Nord-Est, située entre la tour pentagonale et le large bâtiment rectangulaire. Les matériaux évacués correspondent probablement ici à la simple mise en culture du plateau, le sol étant ainsi débarrassé des moellons superficiels dont une partie a pu servir à la construction des bâtiments agricoles autour de 1561.

Abandon définitif du château

L'occupation du château partiellement ruiné sans doute ou de ses dépendances est attestée par les documents jusqu'en 1599, date à laquelle une grange est encore construite par le charpentier d'Obernai Andreas Grüneck. Il est probablement abandonné durant la Guerre de Trente Ans. Les sondages réalisés n'ont pas montré de traces flagrantes d'un éventuel incendie qui l'aurait ruiné; sans doute était-il déjà abandonné alors. Il est mentionné ruiné en 1664 et décrit en 1684 comme abandonné, n'étant "plus qu'un monceau de pierre, comme tous les châteaux situés dans la forêt". Peu à peu, on oublia jusqu'à son nom ; c'est J.G. Schweighauser qui en 1828 identifia ses ruines comme étant celles du Kagenfels.

 

1262 - Fin XIIIe-XIVe s. - 1430 - XVe s. - XVIe s. - Conclusion



Illustrations
Le Kagenfels

Proposition d'interprétation des relevés du château du Kagenfels entre 1430 et 1503.

Dessin réalisé par Mathias Heissler.

Le Kagenfels

Relevés et propositions de restitutions partielles de la porte PA et de fenêtres du château du Kagenfels.

Dessin réalisé par Mathias Heissler.

Le Kagenfels

Inventaire des meutrières pour armes à feu : élévations externes des dispositifs de tir, et restitutions du plan des embrasures de tir.

Dessin réalisé par Mathias Heissler.

 

 

Illustrations
Le Kagenfels

Relevés et propositions de restitutions partielles de la porte PA et de fenêtres du château du Kagenfels.

Dessin réalisé par Mathias Heissler.

Le Kagenfels

Plan topographique partiellement restitué dans sa configuration de 1563.

Dessin réalisé par Mathias Heissler.