1262 - Fin XIIIe-XIVe s. -
1430 - XVe s. - XVIe s. - Conclusion
Conclusion
Le petit château du Kagenfels se révèle aujourd'hui sous sa
réelle dimension. Les nombreuses structures exhumées témoignent des efforts renouvelés que les propriétaires successifs ont
consentis pour moderniser à grands frais un château dont le logis demeura au cours des siècles l'un des plus petits d'Alsace. L'importance
relative des constructions à usage défensif est ici démesurée, comparée à une habitation qui demeura jusqu'à sa
fin bien étroite malgré une probable surélévation. L'inventaire des types de meurtrières relevés au Kagenfels illustre
ainsi globalement à lui seul les grandes étapes de l'histoire de la fortification alsacienne de la fin du Moyen Age.
Mais l'abondance et la variété des dispositifs défensifs ne doit pas
faire oublier que le Kagenfels a également été une demeure au confort relatif, malgré ses dimensions modestes et son isolement.
Celle-ci comportait une petite chapelle privative et les sondages ont exhumé des fragments épars d'une
céramique de poêle exceptionnelle de par sa qualité. Ces
éléments témoignent de l'occupation du château, occasionnelle probablement, par des personnages puissants qui ont trouvé dans
cette forteresse éloignée un point d'appui ou de repli servant leurs ambitions diverses.
Les dépendances à usage économique du château se sont par
ailleurs développées au cours des siècles : des scieries, granges et bâtiments agricoles divers sont là pour rappeler que le
château de montagne était également un centre économique dont les activités généraient des richesses pour ses
occupants.
Il faut donc voir dans les modifications successives du Kagenfels une illustration
exemplaire du renouveau des forteresses de montagne qu'évoquait Jean Wirth pour les XVème et XVIème s. Comme l'a souligné cet auteur,
"l'apparition de l'artillerie a rendu de l'intérêt aux vieilles constructions, plutôt que de les condamner" et "pendant deux
siècles, le château de montagne a connu un regain de faveur" (in Châteaux et guerriers de l'Alsace Médiévale,
Strasbourg, 1975, p. 348).
Conclusion méthodologique
Au-delà des données architecturales nouvelles révélées
par cette étude, la méthode même de recherche employée sur le terrain appelle quelques commentaires. La prospection et l'inventaire
systématiques des vestiges hors sol ont permis au Kagenfels, avant même la réalisation des sondages archéologiques, la formulation de
la majorité des hypothèses et restitutions décrites dans cet article. Cette méthode de prospection non destructrice s'est
révélée particulièrement adaptée et payante dans le présent contexte d'un château en granit, puisque seuls les
éléments remarquables (encadrements divers, meurtrières) ont été réalisés en grès. Dans le cas de
châteaux en grande partie ruinée, ce type d'investigations systématiques de surface peut ainsi se révéler fort rentable et peut
apporter des quantités considérables de données sur les élévations disparues, en dehors même de toute fouille
archéologique localisée ou d'envergure.
Mathias HEISSLER
Architecte du Patrimoine
Chef de chantier du Kagenfels
Remerciements pour leurs avis éclairés sur l'histoire des châteaux :
B. Metz et J.-M. Rudrauf
1262 - Fin XIIIe-XIVe s. - 1430 - XVe s. - XVIe s. - Conclusion